« »La Chine ne peut pas se développer isolément du monde, mais le monde a également besoin de la Chine pour la prospérité mondiale »
Xi Jinping, Président de la république populaire de Chine.
Discours pour les célébrations des 40 ans de la réforme de l’économie chinoise, le 18 décembre 2018 à Shenzhen
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Le 02 juillet dernier, le 12ème « Rendez-vous de la Réflexion Stratégique » (RdVRS), organisé en partenariat avec l’IFRI, s’inscrivait dans la continuité d’une étude soutenue par le CSFRS sur les Nouvelles routes de la soie chinoises et s’intéressait plus particulièrement à leurs viabilités économique et géostratégique en 2019 et après.
Lors du 11ème RdVRS sur l’Europe face à la Transition énergétique à l’horizon 2050, les propos d’ouverture comparaient les défis de cette Transition énergétique avec ceux rencontrés lors de la reconstruction de l’Europe au sortir de la IIème Guerre Mondiale. Cette comparaison reste pertinente pour les Nouvelles routes de la soie, si ce n’est que le projet chinois dépasse de loin le domaine matériel, infrastructure, et n’a cessé de s’étendre, géographiquement et sectoriellement, avec notamment l’immatériel, le numérique ou encore les normes depuis son lancement par Xi Jinping en 2013.
A l’issue d’une séquence d’avril 2019 qui aura vu se dérouler trois sommets à la géométrie différente (sommet UE-Chine, sommet dit 16+1 entre les pays d’Europe centrale et la Chine, 2ème sommet des Routes de la soie), ce 12ème RdVRS aura souligné les évolutions majeures du projet qui, outre une extension géographique, sectorielle et institutionnelle accrue, concernent également sa viabilité économique (émergence de débats nourris) ou encore l’ambition de Pékin d’en faire le vecteur de nouveaux modèles de développement et de coopération internationale. Sur fond de renforcement des tensions sino-américaines (commerciales, technologiques, normatives…) et de durcissement de la communication de Beijing sur un projet emblématique pour Xi Jinping, se lève en particulier une controverse sur un possible « piège de la dette ». Ce piège peut non seulement affecter les pays récipiendaires de l’aide chinoise, mais également en retour et par ricochet la Chine elle-même. Le 12ème RdVRS se sera également interrogé sur la réalité et les limites de l’approche « Indo-pacifique » comme alternative géostratégique au projet chinois.
Nous vous proposerons très prochainement la vidéo intégrale de ce RdVRS. Vous pouvez d’ores et déjà apprécier les termes des défis posés en visionnant/re-visionnant le Grand Entretien avec Alice Ekman, responsable des activités « Chine » du centre Asie de l’IFRI et de l’étude sur les Nouvelles routes de la soie chinoises.
Pour la quinzaine à venir, nous vous proposons un florilège de quatre nouveaux articles de réflexion stratégique. Ces articles abordent différentes questions à l’agenda de la scène internationale et stratégique, de la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso aux défis posés pour l’intégration européennes, des dérives autoritaires dans les Balkans occidentaux, de l’incidence internationale du débat interne de la campagne pour la présidence américaine de 2020 sur un « Green New Deal » à l’intérêt de mener une véritable réflexion sur la notion de Ressource.
Rendez-vous mardi 30 juillet pour un nouvel édito de votre Agora stratégique 2.0.
Olivier Caron, Directeur de publication
Général (2S) Paul Cesari, Rédacteur en chef
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Au programme de GeoStrategia cette semaine
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L’article « La détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso » est issu du Centre FrancoPaix de la chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Daniel Eizenga, chercheur post-doctoral au Centre FrancoPaix, s’interroge sur les racines d’une violence endémique au Sahel, et en particulier sur la situation sécuritaire qui se détériore au Burkina Faso. Dans son analyse, l’auteur pointe notamment les carences de la gouvernance locale, mais également les limites de l’action des partenaires internationaux.
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L’article « Dérives autoritaires dans les Balkans occidentaux : un défi pour l’intégration européenne ? » est issu de l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM). Paul-Marie Brignoli, ancien assistant de recherche à l’IRSEM, met en lumière les multiples défis auxquels sont confrontés les Etats des Balkans occidentaux candidats à l’Union Européenne : risque d’émergence d’un bloc « illibéral », degré d’adhésion aux valeurs de l’UE en terme de lutte contre la corruption ou encore influence des services de renseignement… L’auteur s’interroge in fine sur la nécessité d’une approche européenne renouvelée à l’égard de la région.
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L’article « Le Green New Deal américain : des débats locaux à une ambition (inter)nationale » est issu de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI). Daniel Levaï, coordinateur les activités de l’Iddri sur la coopération internationale pour l’action climatique, décrypte les enjeux politiques domestiques et internationaux de la proposition de « Green New Deal » portée par divers prétendants à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine de 2020. Inspiré du plan mis en place au lendemain de la Grande Dépression des années 30, le Green New Deal vise en effet à mobiliser un volume massif d’investissements publics et privés pour enclencher un changement systémique de l’économie et de la société américaine. Cette vision économique « dirigiste » soulève des réactions internes, mais porte également une potentielle ambition internationale.
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L’article « Réflexions doctorales sur les ressources » est proposé sous l’égide du CSFRS. Audrey Sérandour, doctorante au laboratoire PRODIG (Université Paris 1) et Wahel Rashid, doctorant à l’Institut Français de Géopolitique (IFG, Université Paris 8) nous livrent les points saillants des réflexions menées lors de la rencontre « Doctoriales transdisciplinaires des ressources » du 29 mars 2019, organisée par le groupe Recherche-Ressources et soutenue par le CSFRS. Les auteurs s’interrogent sur la notion même de ressource, à la fois construction sociale et matière. Ils s’intéressent en particulier à l’immersion de la ressource dans une temporalité et dans un contexte technique, ou encore à sa chaîne de valeur comme aux conditions contemporaines de son exploitation.
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Et aussi :
« Le Canard enchaîné » – mercredi 17 juillet 2019 – page 3
‘’Une présence française gênante en Libye’’
Un officier confirme qu’une centaine de commandos de la DGSE
ont parfois participé à la guerre civile.
« LA France est en Libye pour combattre le terrorisme », proclamait Jean-Yves Le Drian dans « Le Figaro », le 3 mai. Vrai – des forces spéciales françaises ont traqué des groupes djihadistes dans l’est du pays –, mais surtout faux. Dès 2014, Macron avait en effet choisi son camp. Il estimait que la France devait apporter son soutien au maréchal Haftar,« car il représente la meilleure solution pour la Libye », expliquaient alors plusieurs diplomates macronistes. D’autres rappelaient méchamment que, lors de son exil aux USA, Haftar avait été en contact avec la CIA.
Mais l’essentiel était que, convaincus ou non, le Quai d’Orsay, le ministère des Armées et la DGSE, avec ses commandos, s’étaient vus chargés d’appliquer, avec discrétion, les directives présidentielles. Cela n’empêchait pas Emmanuel Macron de jouer en même temps les diplomates. A deux reprises, il tenta l’impossible – réconcilier le maréchal avec son adversaire, le Premier ministre Fayez al-Sarraj –, sans y parvenir. Dès lors, la suite était prévisible.
Le 4 avril 2019, Haftar lançait une offensive vers Tripoli avec l’intention d’en chasser le gouvernement reconnu par l’ONU et par plusieurs Etats, y compris la France… Et le « double jeu » que le secrétaire général des Nations unies et le Premier ministre libyen reprochaient déjà à Macron s’est poursuive de plus belle. Sans trop de gêne au sommet de l’Etat car, parmi les fidèles soutiens du maréchal rebelle figurent trois excellents clients et amis de la France : l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte.
Extravagant communiqué ministériel
Mais, par malheur, le 8 juillet, le « New York Times » a révélé que les forces gouvernementales libyennes avaient découvert à Gharyan, dans une base militaire évacuée par les troupes du maréchal Haftar, quatre missiles antichar Javelin fournis à la France par les Etats-Unis. Bon gré, mal gré, Florence Parly a dû réagir, et un communiqué extravaguant de son ministère des Armées a été publié, le 10 juillet. Que ce texte, béni par la ministre, contienne une série de ros mensonges n’est guère surprenant, mais que l’on y découvre des arguments dune stupidité crasse n’est pas à l’honneur de ceux qui l’ont rendu public.
Exemples : « Ces munitions (on n’ose pas écrire ‘’missiles » ») endommagées et hors d’usage (…) étaient temporairement (sic) stockées dans un dépôt (re-sic) en vue de leur destruction. » Tant qu’à prendre les Français, et les journalistes, pour des imbéciles, mieux vaudrait montrer un peu d’imagination. Tout est faux : ces 4 missiles (prix officiel : 175 000 dollars pièce) étaient encore emballés dans leur conteneur d’origine. Et le « dépôt » où les ont découverts les forces gouvernementales libyennes est tout bonnement la base de Gharyan, à quelque 60 km de Tripoli, c’est-à-dire la base de départ de l’offensive du maréchal Haftar. Autre affirmation discutable : « Ces armes (que l’on vient de déclarer ‘’hors d’usage’’) n’ont pas été transférées à des forces locales. » Et voilà l’armée du maréchal qualifiée de « force locale ».
L’histoire de ces désormais fameux missiles antichar Javelin – pouvant équiper combattants au sol, blindés et hélicoptères – mérite le détour. En 2011, Paris en avait acheté 380 aux firmes américaines Lockheed Martin et Raytheon, et une partie d’entre eux a été confiée au contingent français engagé en Afghanistan. Après son retour au pays, les missiles (non utilisés) ne regagneront pas directement la France, selon un expert militaire, mais transiteront par la Libye. Et certains – quatre, comme on vient de le constater (ou deux ou trois de plus, allez savoir ?) – sont alors remis aux membres de la DGSE qui opèrent dans le bourbier libyen.
Conformément à la volonté élyséenne, ces commandos sont aujourd’hui une centaine à « coopérer » avec l’armée du maréchal Haftar, admettent plusieurs diplomates et officiers. Et les missiles qui ont été oubliés – désinvolture ou faute professionnelle ? – dans une base rebelle, valent à Macron les reproches véhéments de l’ONU et du Premier ministre libyen.
Il ne lui suffisait donc pas d’être accusé d’avoir vendu, comme ses prédécesseurs, des armes françaises qui font merveille au Yémen ?
Claude Angeli
Et encore :
Le numéro d’été « La Méditerranée stratégique : laboratoire de la mondialisation » vient de paraître.
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