La ministre des Armées présente la stratégie spatiale de défense

Florence Parly, ministre des Armées, s’est rendue jeudi 25 juillet 2019 au Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), situé sur la Base aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun. Accompagnée de Joël Barre, Délégué général pour l’armement (DGA) et du général d’armée aérienne Philippe Lavigne, Chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), elle a présenté la stratégie spatiale de défense française, à la suite de l’annonce de la création d’un commandement de l’espace par le Président de la République, le 13 juillet dernier.

Florence Parly lors de son intervention sur BA 942

La ministre l’a rappelé lors de son discours, l’espace est « la dernière frontière que nous devons franchir, le dernier domaine à investir » et alors que « nos alliés et nos adversaires militarisent l’espace » et qu’ « à cette arsenalisation rampantes, s’ajoutent les risques liés à la démocratisation de l’accès à l’espace – le New Space – […] nous devons agir » car « c’est de notre indépendance qu’il s’agit, de notre liberté d’appréciation, d’accès et d’action dans l’espace qui est en jeu » .

C’est la raison pour laquelle le Président de la République a souhaité que la France se dote d’une véritable stratégie spatiale, tel qu’il l’a réaffirmé dans son discours du 13 juillet 2019. Lors de son allocution à Lyon, ce jeudi 25 juillet, la ministre a présenté, les axes de notre nouvelle stratégie spatiale.

Plusieurs axes constituent l’armature de cette nouvelle stratégie :

1. Un nouveau commandement de l’espace sera créé le 1er septembre.
Il succédera au Commandement interarmées de l’espace (CIE) et sera placé sous l’autorité de l’armée de l’Air. Doté d’une équipe de 220 personnes, qui montera en puissance sur la durée de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, le commandement de l’espace sera chargé de rédiger une doctrine des opérations dans l’espace et de mettre en œuvre les capacités spatiales de défense. Depuis Toulouse, centre opérationnel du Centre National d’Etudes Spatiales, il aura également pour rôle de fédérer et coordonner tous les moyens consacrés au domaine spatial de défense. C’est également là-bas, que sera basé le centre opérationnel du commandement de l’espace. Cette localisation devra permettre de « développer les synergies : avec acteurs privés et le CNES ». À terme, le centre conduira l’ensemble des opérations spatiales sous les ordres du chef d’état-major des armées et en lien avec le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO).

C’est également à Toulouse, qu’un campus spatial sera constitué autour du centre des opérations, un Space Lab – laboratoire innovant du spatial de défense en collaboration avec la DGA et le CNES. Sera également créée en France une Académie de l’espace pour « fédérer toutes les formations du ministère et susciter les vocations et favoriser les carrières spatiales ».

2. Évolution du cadre juridique
A l’heure où l’espace devient un enjeu de sécurité nationale, la loi doit évoluer et intégrer la spécificité des opérations spatiales militaires. Ainsi, un avant-projet de loi destiné à modifier le cadre juridique posé par la loi du 3 juin 2008 relative aux opérations spatiales sera proposé d’ici la fin d’année 2019, guidé par deux principes : libérer nos armées et protéger nos capacités. Pour cela, le ministère des Armées assumera la fonction d’opérateur spatial, afin d’avoir une autonomie d’action pour protéger pleinement nos intérêts de défense et ceux de la nation.

3. Renouvellement des capacités
Si la ministre a rappelé que « nous ne sommes en aucun cas engagés dans une course aux armements », l’espace est, cependant, un nouveau front à défendre. C’est à ce titre, que les capacités de défense spatiales de la France doivent être perfectionnées et renouvelées. Florence Parly a annoncé le lancement d’un nouveau programme d’armement nommé « Maîtrise de l’Espace» qui intégrera deux volets: la surveillance et la défense active. Sur la durée de cette LPM, cet effort va représenter 700 millions d’euros supplémentaires, en complément des 3.6 milliards d’euros déjà prévus pour le renouvellement complet des capacités satellitaires.

Le Centre Opérationnel de Surveillance Militaire des Objets Spatiaux
Le centre COSMOS a été visité ce 25 juillet par la ministre des armées, la presse autorisée pour la première fois à pénétrer dans ce sanctuaire sécurité, de la Base aérienne de Lyon Mont-Verdun.

COSMOS, dans son activité reprends les missions de la division surveillance de l’espace (DSE). Le COSMOS est donc en charge de l’établissement et de l’exploitation de la situation spatiale au profit des opérations aériennes. Il vient donc en appui des forces pour le rythme des opérations, la précision et l’efficacité des missions avec l’intégration de moyens tels que la veille spatiale, la détection, l’analyse et l’orientation des capteurs.

Ecrans dans le centre COSMOS (les écrans étaient autorisés à la prise de vue, affichant infos non classifiées)

Par ailleurs, il concourt à la protection des populations face aux rentrées atmosphériques à risques (RAR) en développant une capacité d’anticipation des événements spatiaux majeurs. Enfin, il offre ses services à la communauté spatiale internationale et au secteur privé.

Pour répondre à ces missions, le CDAOA dispose d’une capacité nationale de détection et de suivi des gros objets en orbite basse (entre 400 km et 1000 km) grâce au radar GRAVES. Cette capacité est complétée par les radars SATAM qui permettent d’affiner la trajectoire des objets détectés par GRAVES. Officiellement la question des Phénomènes aérospatiaux non identifiés (ovnis) n’est pas prise en compte. Officieusement il peut bien entendu y avoir des signalements. Rappelons que les PANs sont étudiés au sein du Centre spatial de Toulouse, au sein des services du GEIPAN et que ce dernier est en relation logique, officielle et affichée, via le CNES, avec COSMOS. Les ovnis une affaire purement militaire ? Affaire à suivre.

À gauche : général d’armée aérienne Philippe Lavigne, Chef d’état-major de l’Armée de l’air, À droite : colonel Arnaud Bourguignon, commandant la base aérienne 942 Lyon Mont-Verdun. Au centre Florence Parly.

Jean-Pierre TROADEC

Clichés et vidéo JP Troadec