L’Hermione en haute mer

Ce mercredi 21 février à 8h du matin, l’Hermione a largué la dernière aussière qui la retenait à la terre. Vingt mois après son dernier voyage, et après trois semaines d’escale à La Rochelle, la frégate entame une navigation de 1080 milles nautiques vers Tanger, qu’elle atteindra le 9 mars. La remise en jambe promet d’être exigeante pour l’équipage comme pour le navire qui affrontera bientôt le Golfe de Gascogne en hiver. Hardis !

« Une belle navigation en perspective, nous avons de la chance ! » lançait le commandant Cariou à son équipage quelques heures avant le départ. Devant lui se tenait une troupe de jeunes gens en tenue de gabiers, les yeux brillants de plaisir à la perspective de prendre le large après des semaines de préparation. Avec l’équipage professionnel de dix-huit personnes, ils étaient quatre-vingt à écouter les encouragements et les instructions de leur capitaine : « Les deux premiers jours, le vent d’Est Nord-Est devrait être avec nous ! Ce sera parfait pour nous roder au rythme de la vie en mer, prendre les bons automatismes et régler le navire » annonçait Yann Cariou. « Cette météo idéale devrait nous permettre de traverser tout de suite le Golfe de Gascogne et d’atteindre le Cap Finistère en un peu plus de quarante-huit heures. »

Impatients de découvrir le grand océan

Parmi les gabiers qui s’affairaient sur le pont et dans les mâts ce matin de départ, un tiers n’ont jamais navigué à bord de l’Hermione et quelques-uns n’ont même jamais pris la mer. C’est le cas notamment de certaines nouvelles recrues participant au programme « Libres Ensemble », de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Pour Lydia, Québécoise de vint-neuf ans, ce départ est une première : « J’ai travaillé trois ans sur le fleuve Saint-Laurent comme matelot sur un bateau passagers. J’aime la vie collective sur l’eau. Sur l’Hermione, nous formons déjà une famille soudée et solidaire. A présent, j’ai hâte de naviguer loin des côtes et de participer à la manœuvre. » Ils seront quatre québécois à partager ce premier tronçon de voyage.

Lydia partagera ses « quarts » de veille avec Soulo, 27 ans, tout juste arrivé du Mali. Il a découvert l’Europe à Rochefort lors de son stage de formation de gabier, au mois de novembre dernier : « Notre pays n’a pas la mer… J’ai hâte de vivre sur « le grand océan » et de sentir comment le navire danse au large ! » Pour l’autre représentant de l’Afrique francophone embarquant sur ce premier « Leg », Ousseynou, Sénégalais, la motivation première est éthique : mécanicien marine, il connaît bien la mer. Ce qui l’attire dans cette aventure est de « vivre et de travailler » quelques semaines avec des jeunes de cultures et de pays différents. Une meilleure compréhension entre les peuples serait, selon lui, une manière sûre et pérenne de faire progresser la paix et donc, la liberté dans le monde.

Deux tiers de gabiers aguerris

Parmi les autres volontaires, un tiers ont été formés en 2017 et n’ont jamais navigué avec la frégate. Le reste de l’équipage a été choisi parmi des gabiers aguerris. « Cette première partie du voyage se déroule en hiver, dans des mers souvent difficiles à cette période de l’année. J’ai donc souhaité que deux tiers des gabiers soient expérimentés. Ils sont à même de réagir efficacement en cas de gros temps et d’encadrer leurs nouveaux compagnons de mer. » expliquait le commandant dans l’effervescence des heures précédant le départ quand l’équipage s’affairait aux réglages du gréement, à l’installation des dernières voiles, à l’embarquement des vivres et matériels.

À présent les amarres sont larguées. L’Hermione a retrouvé la longue houle Atlantique et déplié ses ailes de lin. Elle fait désormais route vers le Cap Finisterre, avant de longer les côtes Lusitaniennes et de rejoindre le continent africain avec une arrivée prévue dans le port de plaisance de Tanger le 9 mars à 15h.


Image supprimée par l'expéditeur. ;-)Sandrine, gabière bretonne présente depuis 2014 : « Se trouver dans la mâture de l’Hermione sous voile, c’est se placer au cœur du chef d’œuvre. Un peu comme dans une cathédrale ou devant un orchestre symphonique, la perfection technique, esthétique et la dimension poétique à l’ouvrage est bouleversante. Quand on y a goûté… On ne pense qu’à naviguer à nouveau ! »

Nicolas, gabier expérimenté : « Sur cette première étape, ce qui sera probablement différent des autres départs à venir, c’est la température Pour ma part j’ai déjà navigué à bord de L’Hermione, et je dirais que l’on est peut-être plus en confiance qu’auparavant et dans le même temps on a plus de craintes, parce qu’on sait d’avantage .quels peuvent être les risques. On est donc plus vigilant mais plus confiant en même temps. À bord, mon rôle est de répondre aux ordres de manœuvres et au bon fonctionnement du bord dans la vie collective. Comme tous les autres gabiers. »

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