Dernières nouvelles du front des drones

par Cécile Chevré (AGORA)

Lors du dernier CES, le Consumer Electronics Show, la grande messe technologique qui a eu lieu début janvier à Las Vegas, c’est un drone chinois qui a retenu toutes les attentions. Ce quadricoptère du fabricant Ehang est en effet capable d’embarquer un passager (humain) et de le transporter sur une courte distance (environ 15 km). Pour le passager, tout est automatique : le décollage, le vol et bien sûr l’atterrissage…

Ehang
Source : Ehang

Ce drone devrait être commercialisé cette année et vous coûtera tout de même entre 200 000 et 300 000 $. Et certains se prennent déjà à rêver d’un avenir où les voitures seront remplacées par des drones…

Au-delà de cet événement très médiatisé, c’est une véritable révolution qui est en train de se mettre en place dans nos cieux, celle des drones civils qu’ils soient réservés aux usages professionnels ou simplement de loisir.

Le problème de cette révolution, c’est qu’elle a été beaucoup montée en épingle. Très attendue, espérée, elle s’est faite attendre, a fini par en lasser certains et même par en inquiéter d’autres.

A qui la faute ? Aux pourtant indispensables règles législatives et à la cruciale question de la sécurité – les deux étant liés.

Les drones, au départ, c’est tout simplement fantastique. Les utilisations sont aussi nombreuses que variées. Sécurité et surveillance bien sûr mais aussi agriculture, climatologie, télécommunications, loisirs et même transport.

Le marché des drones civils est en pleine explosion. Il devrait passer de 609 millions de dollars en 2014 à 4,8 milliards en 2020

Mais voilà, ces nouveaux usages signifiaient à terme des milliers voire des millions d’engins volants au-dessus de nous. Le marché des drones civils est en effet en pleine explosion. Selon un rapport de Radiant Insights, il devrait passer de 609 millions de dollars en 2014 à 4,8 milliards en 2020.

Or la question de la sécurité de ces appareils volants a été mainte et mainte fois posée ces derniers mois : chute de drones sur la foule, survols par ces engins de sites nucléaires français ou du palais de l’Elysée, présence d’un drone dans les jardins de la Maison Blanche, ou encore tirs de carabine contre eux…

Les Etats-Unis font évoluer leur réglementation
Il faut donc faire évoluer la législation et les moyens de contrôle, et cela s’est avéré plus complexe que prévu. Les Etats-Unis, qui peuvent sans trop de problème revendiquer le titre de principal marché mondial pour les drones civils, se sont donc lancés dès 2013 dans une refonte de la réglementation de l’espace aérien américain pour l’adapter à l’apparition des drones.

La FAA a beaucoup déçu en février 2015 en ne jetant que les prémices d’une réglementation

Attendue pour 2015, la FAA a beaucoup déçu en février 2015 en ne jetant que les prémices d’une réglementation. Prémices qui, en outre, se sont avérées bien plus sévères que ne le souhaitaient les partisans des drones :
– Autorisation des seuls vols de jour
– Interdiction de voler à une hauteur de plus de 150 m et à une vitesse supérieure à 160 km/h
– Obligation d’avoir plus de 17 ans pour piloter un drone
– Mise en place d’un permis de « conduite » de drone renouvelable tous les deux ans
– Obligation pour le pilote de garder à vue son drone
– Interdiction de survoler des zones habitées + les foules

Ces deux dernières mesures ont fait couler beaucoup d’encre car elles semblaient exclure réellement toute possibilité d’avoir recours à des drones commerciaux ou civils. Adieu rêve de drones livreurs du dernier best-seller ou de pizza…

Des entreprises comme Google ou Amazon sont montées au créneau et ont fait pression sur la FAA pour que celle-ci assouplisse sa réglementation

Un régime d’exception
Immédiatement, le lobbying a débuté. Des entreprises comme Google ou Amazon, qui avaient fait leur gorge chaude des drones de livraison, sont montées au créneau et ont fait pression sur la FAA pour que celle-ci assouplisse sa réglementation. Dès mai 2015, celle-ci annonçait la création du PathFinder, un accord spécial avec certaines entreprises et qui leur ouvre le droit d’utiliser des drones civils dans l’espace aérien américain mais aussi de poursuivre leurs essais et recherches dans le domaine.

Ces exceptions permettent ainsi aux médias américains d’utiliser des drones pour réaliser certains reportages ou encore à BP de surveiller ses pipelines en Alaska.

Amazon s’est quant à lui vu attribuer l’autorisation de mener des tests grandeur nature pour son projet de livraison par drone, Prime Air, et a présenté en novembre dernier, le dernier modèle de cet engin volant.

amazon

D’autres entreprises, comme Google, ont contourné la FAA en s’associant à la Nasa pour poursuivre leurs recherches en matière de drones. Le géant californien vient en outre tout juste de déposer le brevet pour un « réceptacle de livraison », à savoir une « caisse » chargée de réceptionner les colis livrés par les airs. Une nouvelle avancée pour son Project Wings, concurrent d’Amazon.

Fin 2015, la FAA franchissait un pas supplémentaire en matière de réglementation des drones en imposant l’enregistrement de chacun des utilisateurs de ces appareils

Enregistrer, contrôler…
Fin 2015, la FAA franchissait un pas supplémentaire en matière de réglementation des drones en imposant l’enregistrement de chacun des utilisateurs de ces appareils.

Une fois enregistré, il est possible de posséder autant de drones qu’on le souhaite, en indiquant bien son numéro d’identification sur chaque appareil. Depuis fin décembre, ce sont ainsi 300 000 Américains qui se sont enregistrés auprès de la FAA.

Outre ce système d’encadrement réglementaire, les Etats-Unis tentent de mettre en oeuvre un contrôle plus « physique ». Des zones de survol interdit ont été définies (la Maison Blanche, les aéroports, les sites sensibles mais aussi certains parcs nationaux) et les applications ou cartes destinées à permettre aux utilisateurs de vérifier – souvent à partir de leur smartphone – s’ils sont bien dans la légalité avant d’envoyer leur appareil en l’air se sont multipliées ces derniers mois.

La Nasa travaille ainsi sur un système de contrôle des drones grâce à des antennes télécom nommé UAS Traffic Management (UTM). Ce système, développé en partenariat avec Google et Verizon, permettrait de suivre en temps réel tous les appareils volants à basse altitude dans l’espace aérien américain et qui viendrait compléter la surveillance effectuée par le contrôle aérien traditionnel. Le projet est en cours de développement : les premiers tests auront lieu à partir d’août prochain et l’UTM pourrait être présenté à la FAA l’année prochaine.

L’afflux d’enregistrements de possesseurs de drones auprès de la FAA illustre l’engouement pour ces petits appareils

Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Cela bouge enfin du côté américain. La mise en place d’une réglementation destinée aux drones civils avance certes lentement mais l’afflux d’enregistrements de possesseurs de drones auprès de la FAA illustre l’engouement pour ces petits appareils.

En outre, face à la pression exercée par des grands groupes, les autorités américaines sont manifestement prêtes à assouplir et adapter la réglementation, ouvrant la voie à un usage courant des drones.

En prévision de cette explosion, l’offre de drones s’est considérablement élargie ces derniers mois. Du français PARROT aux fabricants européens ou américains de drones civils destinés aux médias, aux sauveteurs, aux agriculteurs… il y a l’embarras du choix.

Dans NewTech Insider, Ray a quant à lui misé sur un constructeur américain qui a fait ses armes dans le secteur de la défense et qui s’attaque maintenant aux usages civils. Avec un carnet de commandes et des ventes en forte progression, il pourrait être le grand gagnant de l’arrivée progressive des drones dans nos cieux. Pour en savoir plus, prenez rendez-vous avec Ray.